Piston hors service

                                             Piston hors service

                                             Sandra Noël

1 — Destin capoté

Le calme frêle de l’aube enveloppait le garage « Haguen’autos » lorsque les premiers rayons du soleil commencèrent à pénétrer à travers les fenêtres, recouvertes d’une fine couche de poussière. Les ténèbres s’estompaient lentement, révélant les carrosseries endormies des véhicules, témoins discrets des heures passées entre les mains habiles des mécaniciens.

Le garage, mélange harmonieux d’ancien et de moderne, était empreint d’un charme qui se reflétait dans le désordre organisé des étagères : les bidons d’huile vintage côtoyaient les outils de dernière génération. Chaque objet, chaque tache d’huile sur le sol exprimait en silence des années d’aventures mécaniques.

Au cœur de ce sanctuaire automobile : monsieur Turbo, les yeux dissimulés derrière des lunettes qui avaient traversé une riche histoire, se distinguait non seulement par sa stature imposante, mais aussi par son aura de mécanicien expérimenté. Les rides sur son visage, sculptées par le temps et le labeur, racontaient une vie passée à décrypter les mystères sous les capots.

L’air s’imprégnait des notes de Street Fighting Man des Rolling Stones, et de temps à autre, les murs du garage résonnaient discrètement de la mélodie fredonnée par monsieur Turbo, se propageant dans les méandres de ses souvenirs tumultueux.

À quelques mètres, incarnant la vivacité, Fabien Piston conversait avec les machines d’une voix chaleureuse, sa passion brûlante conférant au garage une luminosité supplémentaire. Contrairement à la mer calme et prévisible qu’était monsieur Turbo, Piston était une vague, imprévisible et pleine d’énergie.

Lorsque le soleil amorça sa descente, perturbant la routine quotidienne, un cri déchira l’harmonie du garage, figeant le temps et l’espace. Le cœur de monsieur Turbo se serra, les notes de musique s’éteignant dans l’écho du désespoir. Ses jambes le conduisirent mécaniquement vers le corps inerte de Piston, étendu sous le pont élévateur.

Le silence qui suivit ne fut rompu que par le tintement d’outils tombés à terre. Les yeux de monsieur Turbo s’emplirent de larmes, balayant la réalité cruelle. Il murmura d’une voix tremblante : « Pas lui… Pas mon gars… »

L’urgence revint lentement. Les autres mécaniciens, sortant de leur stupeur, se précipitèrent vers leur collègue, certains appelant à l’aide, d’autres prodiguant les premiers secours.

Pour monsieur Turbo, le monde extérieur s’estompa, laissant place à un océan de souvenirs et de regrets. Il se noya dans ses pensées et chercha désespérément à comprendre ce qu’il s’était passé sous ce pont élévateur, dans leur garage, leur sanctuaire ?

2 — L’énigme du pont élévateur

Le chaos qui a suivi le drame a envahi le garage « Haguen’autos », transformant l’espace en une bulle d’émotions qui oscillaient entre espoir et désespoir. Les précieuses minutes qui ont suivi l’accident se sont étirées à l’infini pour monsieur Turbo, suspendant le cours du temps, jusqu’à ce que les sirènes au loin brisent le silence, annonçant l’arrivée des secours.

Les professionnels de santé, avec leur compétence médicale précise et leur sang-froid exemplaire, formaient un contraste saisissant avec l’équipe du garage, dont la détermination perçait à travers le brouillard de la panique générale comme une lueur dans la nuit. Tandis qu’ils stabilisaient l’état de Piston, un homme, silhouette impassible drapée dans un imperméable beige, franchit le seuil du garage, un badge brillant portant l’inscription « Lieutenant Kern ».

S’approchant de monsieur Turbo, le lieutenant fit preuve d’une empathie évidente dans son expression.

— Vous devez être monsieur Turbo. Je suis désolé pour cet incident. Cependant, nous devons rassembler les faits, déclara-t-il avec douceur.

Les yeux de monsieur Turbo chargés de larmes non versées croisèrent ceux du lieutenant.

— C’était une journée comme les autres, lieutenant. Tout ce que j’ai vu, c’est Piston, au sol, immobile, sous ce maudit pont élévateur.

Après un moment de silence empreint de respect, Kern posa une question avec précaution :

— Y a-t-il des témoins ? Tout détail pourrait être crucial.

Un apprenti nommé Jacou Roy s’avança avec hésitation.

— J’étais complètement à l’autre bout du garage. J’ai entendu un bruit sourd, comme quelque chose qui tombait, suivi d’un cri perçant… Mais je n’ai pas pu voir ce qui s’est passé.

Le regard du lieutenant se posa sur une clé à molette près du lieu de l’incident.

— Cet outil pourrait bien résoudre cette énigme, murmura-t-il, un sourire triste effleurant ses lèvres en raison de son jeu de mots involontaire.

Tandis que Piston était transporté vers l’ambulance, des murmures emplis de théories et de soupçons commençaient à infecter l’atmosphère du garage, évoquant des rivalités cachées et des dettes en suspens.

Le lieutenant, bien que légèrement en retrait, saisit ces échanges. « Il semble que l’huile ne soit pas la seule chose perturbée ici », pensa-t-il.

Alors que l’ambulance s’éloignait, monsieur Turbo, la silhouette figée et les yeux brûlants d’une détermination nouvelle, fixa l’horizon. Pour lui, pour Piston, et pour le sanctuaire qu’était leur garage, la vérité devait être révélée, et il se tenait là, inflexible, prêt à percer le voile du mystère.

3 — Retour au garage

Les résidus de la nuit, lourds et tourmentés, enveloppaient encore le garage « Haguen’autos » dans une étreinte silencieuse en cette aube fraîche. Les mécaniciens marqués par l’inquiétude arrivaient progressivement, leurs regards glissant inévitablement vers le lieu de l’incident. Une lourde incertitude, mêlée d’angoisse quant au devenir de Piston, chargeait l’air.

Le tintement abrupt du téléphone perça le murmure des dialogues étouffés, mitraillant l’attention collective vers monsieur Turbo. La voix à l’autre bout du fil provenant de l’hôpital partageait des nouvelles : Piston était stable, sa mémoire, toutefois, restait ensevelie dans une obscurité impénétrable.

Un soupir de soulagement s’éleva parmi l’équipe bien que l’inquiétude ne quittât pas totalement les lieux. Monsieur Turbo, dévoré par un besoin de vérité, marmonna à voix haute, laissant glisser sa pensée dans l’atelier.

— Le lieutenant Kern m’a laissé son numéro. Je vais le contacter, nous devons obtenir des réponses.

Jacou Roy, l’apprenti, jouait nerveusement avec un petit objet métallique entre ses doigts. Il s’avança vers monsieur Turbo avec hésitation.

— Faut que je vous dise, j’ai pas été super réglo hier. J’ai mis la main sur ça après que tout le monde se soit cassé, regardez ça, avoua-t-il, tendant l’objet.

Les yeux de monsieur Turbo se fixèrent sur la valve de pneu dans sa main, son esprit tournant à toute vitesse.

— Ça ne devrait pas être ici, à moins que…

Peu de temps après, le lieutenant Kern, alerté par l’appel inattendu de monsieur Turbo et par la possibilité d’un nouvel indice, s’immisça dans le garage. Ses yeux se posèrent immédiatement sur l’objet métallique. Il interrogea Jacou Roy et il inspecta ensuite minutieusement la valve ainsi que l’espace situé à proximité du pont élévateur.

La tension dans l’air augmentait alors que les mécaniciens s’échangeaient des regards troubles, des chuchotements échauffés voltigeant dans l’air. Qui aurait voulu du mal à Piston ?

Le lieutenant Kern, son expression insondable, se tourna vers Monsieur Turbo.

— Cela s’avère plus complexe que prévu. Une enquête plus poussée s’impose, monsieur Turbo.

— Tout ce qui importe, c’est la vérité, lieutenant. Pour Piston, pour tout le monde ici, acquiesça résolument monsieur Turbo en fixant Kern.

Ainsi, alors que la lumière matinale inondait le garage, les échos d’espoir et d’incertitude dansaient délicatement sur les murs, mirant le mélange de sentiments qui s’entrelaçaient parmi les présents.

4 — Engrenages et quiproquos

L’atmosphère dans le garage « Haguen’autos » était un étrange mélange d’inquiétude et d’humour nerveux. Tandis que le lieutenant Kern scrutait chaque recoin du garage avec un sérieux presque théâtral, les mécaniciens oscillaient entre l’application laborieuse à leur travail et des efforts pour alléger l’ambiance avec des blagues ponctuelles.

Jessy Bielle, toujours prêt à égayer la pièce avec son humour pince-sans-rire, leva un vieux tournevis rouillé en l’air.

— Regardez ça, lieutenant ! Vous pensez que ce truc pourrait être l’arme du crime ?! s’exclama-t-il.

— Seulement si nous découvrons que Piston craint particulièrement le tétanos, monsieur Bielle, répondit Kern en jouant le jeu, un demi-sourire au coin des lèvres.

Des rires étouffés traversèrent l’atelier. Cette légèreté restait nécessaire, même si elle était teintée de mélancolie.

Puis, Maxou Pape, les sourcils froncés en une expression de sérieux comique, s’approcha de Kern avec une vieille chaussette en main.

— Lieutenant, je crois avoir trouvé une piste cruciale !

— Cette chaussette est-elle l’indice qui va résoudre l’enquête, monsieur Pape ? demanda Kern avec une patience amusée.

— Oh, non. Pas du tout, répondit Maxou Pape avec candeur. Je l’avais perdue depuis une éternité. La voilà enfin !

Même Kern laissa échapper un rire devant l’absurdité adorable de la situation. Cependant, en dépit des intermèdes humoristiques, ses yeux révélaient une concentration inébranlable, signe de l’intensité avec laquelle il prenait l’enquête.

C’est alors que Monsieur Turbo, visiblement agité, fouillait son établi.

— Le bouchon de mon huile ! Où est-il passé ?!

Quelques secondes plus tard, Jacou Roy leva le bouchon en l’air, un sourire en coin sur son visage.

— Vous parlez de celui-là, patron ? Il traînait près de la machine à café. Comme vous, il avait besoin d’un plein de caféine !

Le garage retentit de rires, et même Kern secoua la tête en signe d’amusement.

Cependant, alors que les rires s’estompaient, l’ombre de la situation de Piston et du mystère non résolu semblait s’ancrer plus profondément dans les murs du garage, rappelant à tous qu’ils n’étaient pas encore sortis de la forêt sombre dans laquelle ils s’étaient égarés.

5 — L’ombre sur le silencieux

L’ambiance au sein du garage « Haguen’autos » était palpable, saturée d’une tension prête à éclater à tout instant. Les blagues étaient devenues rares, la gravité de l’enquête avait ombragé les esprits joviaux des jours précédents. Les mécaniciens, bien qu’absorbés par leur travail, gardaient en permanence les yeux fixés sur la porte d’entrée, anticipant le prochain événement. L’atmosphère se figea lorsque le lieutenant Kern fit son apparition. Les outils s’étaient suspendus dans l’air, chaque mécanicien fixant son attention sur l’objet qu’il tenait en main : un silencieux visiblement malmené.

Jessy Bielle haussa un sourcil, conservant toutefois une pointe de son humour caractéristique.

— Un silencieux, lieutenant ? Il semble bien que quelqu’un ait élaboré un plan pour rendre notre routine moins bruyante.

Mais Kern, le regard sévère, répondit sans la moindre trace d’humeur :

— Ce n’est pas le moment, monsieur Bielle. Ce silencieux pourrait bien être le maillon manquant qui nous relie à l’agresseur de Piston. Il présente des marques compatibles avec celles trouvées sur la scène et il manque à l’une des voitures du garage.

Monsieur Turbo, les yeux étincelants de détermination sombre, se tourna vers son équipe.

— Nous devons tous nous interroger, les gars. Qui parmi nous aurait pu ou voulu faire ça ? Nous sommes une équipe, une famille. Et l’idée qu’un des nôtres puisse blesser un autre… C’est inconcevable.

Avec sa nonchalance caractéristique, Maxou Pape prit la parole.

— Mais un silencieux, ça fait du bruit quand c’est dangereux ?

Il y eut quelques rires tendus, mais ils s’éteignirent rapidement, écrasés par le poids de la suspicion qui saturait l’air.

— Arrêtez ça, Maxou ! tonna monsieur Turbo d’une voix qui gronda à travers le garage.

Des yeux se rencontrèrent, certains luisants de suspicion, d’autres obscurcis par la peur. La confiance, jadis pilier du garage, s’effritait à vue d’œil.

Jacou Roy se manifesta d’une voix ébréchée :

— Patron, ce silencieux vient bien de la caisse sur laquelle je bossais. Mais je vous promets que j’ai rien à voir là-dedans !

— Chaque personne sera interrogée individuellement. Nous devons tirer tout ceci au clair, et vite, intervint Kern avec autorité.

Monsieur Turbo inclina solennellement la tête.

— Et que la vérité éclate, qu’elle nous mène où elle le doit.

Dans la pénombre du garage, les visages se perdaient dans l’ombre, laissant seulement derrière eux des silhouettes de doute et d’inquiétude, soulignant le besoin pressant de résoudre ce mystère.

6 — Secrets sous le capot

La lumière matinale à peine visible à travers les fenêtres du garage « Haguen’autos » était étouffée par une tension persistante. L’enquête du lieutenant Kern, avec les mécaniciens maintenant placés sous les projecteurs des interrogatoires, faisait grincer les engrenages de la cohésion de l’équipe.

Jessy Bielle fut le premier à être interrogé. Ses mains tremblaient légèrement, bien que son sourire persistât.

— Monsieur Bielle, où vous trouviez-vous le soir de l’accident ?

— Chez moi, lieutenant, en train de… d’ajuster quelques écrous, si vous voyez ce que je veux dire !

Le regard de Kern demeura inébranlable.

— Vos plaisanteries ne sont pas les bienvenues ici, monsieur Bielle. Nous parlons sérieusement.

Maxou Pape, lui, tenta également de détendre l’atmosphère.

— Et moi, je freinais mes ardeurs devant un film palpitant !

Contrairement à son attitude avec Jessy Bielle, un sourire effleura les lèvres du lieutenant.

Lorsque le tour de Jacou Roy arriva, on pouvait presque sentir sa nervosité.

— Pour être honnête… j’étais juste ici, au garage, en train de finir une réparation.

Le lieutenant fronça les sourcils.

— Cela aurait dû être mentionné plus tôt, monsieur Roy.

— Je… Je… franchement, j’étais pas censé être ici après la fermeture, je l’avoue, dit-il, les yeux ancrés au sol.

Monsieur Turbo observa le désarroi du jeune homme puis prit la parole d’une voix assurée.

— Si rester tard pour travailler est un crime, lieutenant, alors je suis tout aussi coupable. J’étais également ici, noyé sous la paperasse.

Le visage de Kern resta impassible alors qu’il notait les déclarations de chacun.

— Vos alibis seront vérifiés. Chacun de vous demeure suspect jusqu’à nouvel ordre.

L’après-midi avança, l’ombre de la suspicion s’épaississait, et les fondements même du garage « Haguen’autos », ancrés dans la loyauté et la camaraderie, semblaient chancelants. Un secret était dissimulé sous le capot de l’amitié, attendant d’être révélé. Qui parmi eux détenait la clé pour le déverrouiller ?

7 — Les engrenages du doute

Le jour naissait sous un ciel plombé, chaque nuage semblant absorber la joie qui autrefois imprégnait le garage « Haguen’autos ». Les mécaniciens, naguère frères d’armes, évoluaient désormais sur la pointe des pieds, craignant que la moindre vibration ne provoquât une avalanche de méfiance.

Dès les premières lueurs du matin, le lieutenant Kern, les sourcils froncés, se pencha pour ramasser un objet brillant près du bureau de monsieur Turbo.

— Que voilà ? marmonna-t-il, examinant une clé isolée.

Jessy Bielle tenta d’alléger l’atmosphère comme à son habitude.

— Peut-être la clé du mystère, lieutenant !

Mais l’humeur de Kern ne se prêtait pas à l’humour.

— Ou la clé de bien plus tangible, monsieur Bielle, rétorqua-t-il d’une voix cinglante.

Guidé par l’intuition, Kern s’approcha des casiers des employés, essayant la clé dans chaque serrure jusqu’à ce qu’une porte cède. À l’intérieur, un amas de factures impayées et de missives menaçantes de créanciers était empilé négligemment.

— À qui appartient ce casier ? demanda Kern, après un long silence pesant.

Un moment de quiétude pénétrante s’ensuivit avant que Maxou Pape, le visage pâle, ne se manifestât.

— C’est bien le mien, lieutenant, mais ces papiers-là… je les ai jamais vus de ma vie…

Monsieur Turbo parcourut les papiers, les mains légèrement tremblantes.

— Elles sont adressées à Piston, ces factures… mais pourquoi dans votre casier, Maxou ?

Le regard de Maxou Pape exprimait un mélange de confusion et d’horreur.

— Mais je vous le jure, j’ai rien à voir avec ça, patron !

Le lieutenant le fixa intensément, scrutant chaque micro-expression du mécanicien.

— Des dettes, des pressions financières, cela pourrait motiver une dispute, non ? Qu’en pensez-vous, monsieur Pape ?

Maxou Pape se leva brusquement, les yeux embués.

— Mais on était potes, bordel ! Pourquoi diable je ferais ça ?

Un doute insidieux rampait à travers la pièce, empoisonnant la camaraderie qui subsistait encore. Les mécaniciens se dévisageaient, se demandant ce qui pouvait bien se cacher dans les ombres de leurs amitiés apparemment inébranlables.

8 — Câbles croisés et alibis

Dans le vaste garage « Haguen’autos », les heures filaient avec une lenteur maudite, chaque tic-tac de l’horloge semblant résonner dans le vide laissé par le doute et la suspicion. Le lieutenant Kern, un homme à qui peu de mystères avaient résisté, sentait que cette affaire-là n’allait pas être facilement résolue.

Alors que ses yeux parcouraient minutieusement les papiers du casier, un murmure provenant de l’entrée capta son attention. Marta, la vieille voisine, se tenait là, enveloppée dans un châle. Son regard exprimait à la fois l’inquiétude et la curiosité.

— Il se pourrait que j’aie vu quelque chose cette nuit-là, murmura-t-elle, une fragilité perceptible dans sa voix.

Jessy Bielle se déplaça vers elle, une ombre d’humour dans son regard :

— Alors Marta, prête à actionner les pistons de la vérité ?

Ignorant la plaisanterie, elle se concentra, et laissa les souvenirs se frayer un chemin à travers le voile du temps :

— Il faisait sombre, mais la lumière du garage éclairait la rue. J’ai vu Maxou Pape et Fabien Piston. Ils parlaient tranquillement, juste une discussion normale, près de la machine à café. Plus tard, Maxou est sorti et a pris le bus de nuit…

Un soupir traversa les lèvres de Maxou Pape, portant un mélange de gratitude et de soulagement.

— Ah ouais, je me rappelle maintenant, merci Marta. Piston me filait quelques tuyaux sur comment ranger mes outils.

Kern, bien qu’il demeurât méfiant, ne pouvait ignorer ce témoignage.

— Ceci corrobore que Pape n’était pas ici quand tout a basculé.

Un soupir de soulagement traversa la pièce, et Jacou Roy, les épaules un peu moins tendues, s’exclama :

— On dirait qu’on a réussi à rétablir l’ordre dans ce foutu circuit électrique en pagaille !

Monsieur Turbo, les mains fermement posées sur les épaules frêles de Marta, lui exprima sa gratitude.

— Votre aide est inestimable, Marta. Le monde a besoin de plus de gens comme vous.

Alors que l’obscurité régnait en maître sur le garage, le lieutenant Kern restait là, les pensées en ébullition sous son front plissé. Le coupable pouvait encore se tapir dans les ombres de cette affaire, insaisissable, mais indéniablement présent.

Dans le garage, désormais plongé dans le silence, seule une ampoule suspendue offrait un halo réconfortant, dont la lueur faible dansait sur les outils étalés au sol.

9 — Huile sur le feu

Dans le fragile havre de paix qu’était le garage « Haguen’autos », une confiance renouvelée s’ouvrait lentement un chemin à travers les murs maculés d’huile et les cœurs fatigués des mécaniciens. Cependant, le doute, comme une insidieuse souillure, continuait de s’étendre, obscurcissant l’espoir naissant de ses reflets sombres.

Jessy Bielle, les mains maculées de lubrifiant moteur, hésita un instant alors qu’une substance inattendue s’écoulait du carter d’une voiture.

— Les gars, vous avez déjà vu un truc pareil ? interrogea-t-il, fixant le liquide rougeâtre se mêlant à l’huile.

— On dirait… du sang ? s’inquiéta Jacou Roy d’une voix étouffée.

— Non, c’est du vin. Mais que fait-il là-dedans ? poursuivit le lieutenant Kern, l’index plongé dans la substance suspecte.

L’interrogation flottait dans l’air, aussi dense que le parfum âcre du mélange inattendu.

— Qui était le dernier à travailler sur cette bagnole ? interrogea monsieur Turbo, les yeux balayant ses employés.

— C’était moi, admit Jacou Roy, le visage pâle. Mais je vous jure qu’il n’y avait pas de truc comme ça quand j’en avais fini avec cette caisse.

Kern leva une main apaisante.

— Nul besoin de paniquer, monsieur Roy. Cet indice est peut-être un peu vin… dicatif, mais nous allons le suivre, concéda-t-il.

Jessy Bielle esquissa un sourire faussement détendu puis ajouta :

— Eh bien, on dirait qu’on va devoir se serrer les coudes… et les écrous aussi !

Monsieur Turbo fixait chaque membre de son équipe avec une fermeté teintée de compassion lorsqu’il parlait.

— Nous traversons des moments difficiles, les gars. Mais ne laissez pas ce mystère détruire ce que nous avons construit ici. Ensemble, nous éluciderons ce mystère.

Le crépuscule se répandit sur le garage, les ombres s’allongeant silencieusement, tandis que l’équipe demeurait immobile et déterminée, au sein de la pénombre qui semblait résonner avec les mystères non expliqués de leur quotidien.

10 — Engrenages enchevêtrés

La cohésion autrefois inébranlable entre les mécaniciens s’effritait au fil des révélations et transformait chaque éclaboussure d’huile, chaque outil perdu en des indices possibles ou des sources de méfiance. L’harmonie, autrefois la maîtresse des lieux, s’était désormais éclipsée par un voile de suspicion et d’incertitude.

Monsieur Valve, un client fidèle, franchit les portes du garage, arborant une mine préoccupée.

— J’ai été attristé d’apprendre la mauvaise nouvelle pour monsieur Piston, déclara-t-il. Nous étions amis. Savez-vous qu’il m’avait confié quelque chose d’étrange la veille de son accident ?

Le lieutenant Kern prêta l’oreille, intrigué par l’écho de secrets anciens.

— Dites-en plus, demanda-t-il, se concentrant sur la mine grave de monsieur Valve.

— Cela remonte à quelques années, commença ce dernier. Piston a découvert une énorme fraude liée à des pièces contrefaites. Il voulait tout révéler, mais avait reçu des menaces. Il m’a confié récemment qu’il était prêt à mettre fin à cette histoire.

— Ça, je viens de l’apprendre. Savez-vous qui était derrière tout cela ? répondit monsieur Turbo, totalement surpris par les révélations du client.

— Non, il n’a pas cité de noms, mais m’a assuré que le responsable travaillait toujours parmi vous, confia monsieur Valve, le regard chargé d’appréhension.

Un frisson parcourut l’équipe, chaque membre recalculait les alliances et les trahisons potentielles. Les regards se croisèrent et exploraient le passé à la recherche d’un visage coupable.

— J’espère vraiment que ce n’est pas moi ! J’ai eu ma dose pour la semaine ! lança Maxou Pape, prêt à insuffler une légèreté bien nécessaire.

Cependant, les rires se figèrent dans les gorges. Les regards communiquèrent des messages non verbalisés, et une nouvelle gravité imprégna l’atmosphère.

Le lieutenant Kern, fidèle à son pragmatisme, formula un plan.

— Nous devons plonger dans les archives du garage. Peut-être qu’elles contiennent des indices sur ce vieux scandale.

— Bien vu, approuva Jessy Bielle. Si on arrive à mettre la main, ne serait-ce que sur un petit bout d’info, ça pourrait nous filer un sacré coup de pouce pour percer ce mystère !

Les mécaniciens, unissant leurs forces malgré le doute omniprésent, s’immergèrent dans les archives empoussiérées du garage, en quête d’une vérité qui avait trop longtemps rôdé dans l’ombre. La lumière chancelante d’une vieille ampoule vacillait sur leurs visages, un faible, mais persistant faisceau d’espoir dans l’obscurité des secrets enfouis.

11 — Freins sur les souvenirs

L’atmosphère étouffante du garage « Haguen’autos » formait un contraste saisissant avec la froideur des documents anciens éparpillés devant les mécaniciens. Chaque page semblait faire murmurer un secret oublié, chaque facture pointait potentiellement vers une piste négligée.

Alors que l’horloge égrainait inlassablement les heures, Jacou Roy, les yeux écarquillés devant une pile de papiers jaunis, s’écria :

— Eh bien, regardez ça ! On a là des commandes de pièces qui ne collent à aucune réparation qu’on a faite !

Monsieur Turbo se pencha et examina les lignes de texte.

— C’est bizarre… Ces pièces sont de mauvaise qualité, rien de ce que nous utilisons habituellement.

Maxou Pape, l’expression soudainement grave, eut une étincelle qui parcourait son esprit.

— Vous vous souvenez de Carter ? Il faisait partie de l’équipe il y pas si longtemps. Il était toujours un peu chelou, celui-là, et il passait souvent des commandes en douce.

Jessy Bielle émit un rire teinté de nostalgie.

— Carter ? Tout à fait ! Il ne lâchait jamais son credo à deux balles : pourquoi opter pour un V8 quand un V6 peut faire l’affaire ?

Le lieutenant Kern laissa fureter son stylo sur son carnet et répliqua :

— Nous devons retrouver sa trace. Il pourrait détenir des réponses essentielles à nos questions.

— Carter a quitté le garage sans explication. Il avait eu une altercation avec Piston juste avant de partir. Je me demande si tout cela a un lien avec ces pièces de contrefaçon, ajouta doucement monsieur Turbo, perdu dans ses pensées.

— Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il crachait toujours sur les pièces de qualité. « Pas besoin de ces merdes hors de prix », qu’il répétait à tout bout de champ, répondit Maxou Pape en haussant les épaules.

Devant ce nouveau chemin qui s’ouvrait, le lieutenant Kern envisagea d’aller interroger d’anciens collègues de Carter. Peut-être leur mémoire pourrait-elle offrir la clé pour débloquer ce mystère insaisissable.

Les mécaniciens, les paupières lourdes, mais la résolution intacte se préparaient à quitter « Haguen’autos » pour la nuit. Les lumières s’évanouirent, engloutissant le garage dans une pénombre paisible, mais leur quête de vérité, elle, ne s’endormait jamais. Elle scintillait dans l’obscurité avec une intensité indomptable.

12 — La rouille du passé

Alors que la nuit englobait la ville, le lieutenant Kern, Jessy Bielle et monsieur Turbo prirent la direction d’une vieille zone industrielle. C’était là-bas que Carter avait ouvert son propre garage après avoir quitté « Haguen’autos ». L’endroit se trouvait à l’écart, entouré par des bâtiments délabrés et de ruelles sombres.

À leur arrivée, le garage de Carter, baptisé « SOS Mécano », semblait à l’abandon. Les fenêtres étaient sales, la peinture écaillée, et le panneau d’affichage oscillait dangereusement sous la brise nocturne.

Jessy Bielle tenta d’apporter une touche d’humour à la situation.

— On dirait qu’il y a besoin d’un bon coup de polish ici ! déclara-t-il.

— Concentrons-nous sur la raison de notre visite, répliqua le lieutenant Kern d’un ton sérieux.

En fouillant le garage, ils découvrirent un bureau en désordre, avec des piles de factures non payées et des notes griffonnées. Monsieur Turbo, tout en parcourant les documents, trouva un vieil album photo.

— C’est incroyable ! C’est une photo de Carter et Piston, souriants, devant notre garage. Ils semblaient si proches, s’exclama monsieur Turbo, l’album entre ses mains.

Jessy Bielle, jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule de Monsieur Turbo, remarqua :

— Matez l’arrière de la photo. Il y a une note qui dit : « En souvenir du bon vieux temps, avant que tout ne parte en couille. » Ça doit avoir une signification.

À ce moment-là, une femme d’âge moyen, les cheveux grisonnants, les yeux fatigués, mais alertes, fit son apparition.

— Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

Ils se retournèrent pour voir Anna, la sœur de Carter.

— Je suis Anna, la sœur de Carter. Que voulez-vous ?

Le lieutenant Kern expliqua brièvement la situation, mentionnant l’accident de Piston et les liens possibles avec le passé de Carter.

— Je ne sais pas où est Carter, mais je peux vous dire qu’il a toujours regretté ce qui s’est passé au garage. Il voulait se racheter, mais ne savait pas comment, répondit Anna après un long soupir.

Anna mena l’équipe vers une vieille malle, remplie de lettres non envoyées, toutes adressées à Piston. Elles parlaient de remords, de trahison, et du désir de réparer les erreurs du passé.

— Ces lettres pourraient être la clé pour démêler les fils de cette affaire, déclara le lieutenant Kern en pleine concentration, les yeux plissés.

Les mécaniciens et le lieutenant quittèrent le garage désert, la malle en main, déterminés à assembler les pièces manquantes de ce puzzle mécanique.

13 — Allumage des souvenirs

L’aube naissante peignait faiblement l’équipe du garage « Haguen’autos », qui se rassemblait autour d’une vieille malle. Les lettres qu’elle renfermait gisaient en désordre et renfermaient les remords de Carter.

Maxou Pape saisit l’une d’elles et lit à haute voix.

— « Piston, l’avidité m’a égaré du droit chemin. J’ai laissé ces pièces de merde s’interposer entre nous. J’espère qu’un jour, tu pourras me pardonner. »

— Ces lettres regorgent de regrets de Carter. Mais pourquoi ne les a-t-il jamais envoyées ? médita le lieutenant Kern, l’esprit en ébullition.

— Peut-être qu’il avait peur de la réaction de Piston. Ou peut-être qu’il était rongé par la honte, suggéra Jacou Roy, toujours observateur.

Pendant que l’équipe se plongeait dans la lecture des lettres, la porte du garage s’ouvrit brusquement. Un homme au visage marqué par le temps fit son apparition. C’était Carter.

— Je m’attendais à ce que vous débarquiez, lâcha-t-il d’un ton résigné. Je suppose que c’est le moment de tirer les choses au clair.

Jessy Bielle, essayant de dissiper la tension avec son humour bien connu, répliqua :

— Eh bien, il semble que tu aies besoin d’un sacré coup de pouce pour remettre ta vie sur les rails, non ?

— Mais pourquoi ? Pourquoi as-tu laissé tout cela se produire ? demanda monsieur Turbo qui venait de se lever pour faire face à Carter.

Les yeux de Carter se remplirent de larmes.

— La pression… la cupidité… Je voulais tant réussir, être admiré. J’ai fait des choix merdiques. Jamais de ma vie j’ai voulu du mal à Piston.

Le lieutenant Kern, coupa court à la conversation et posa la question cruciale :

— Où étiez-vous la nuit de l’accident de Piston ?

— J’étais bien là, dans mon propre garage. Anna peut confirmer, répondit Carter après un court silence.

Ce nouvel élément jetait un éclairage différent sur la situation. Carter n’était peut-être pas le coupable, mais il détenait certainement des informations probantes pour identifier le véritable responsable.

Acceptant de collaborer pleinement à l’enquête, dans une tentative de rédemption pour ses erreurs passées, Carter augmenta la tension ambiante. Chaque révélation rapprochait l’équipe de la vérité, dessinant un tableau plus net d’un mystère qui ne tarderait plus à être élucidé.

14 — Sous le capot des confessions

Le soleil était à son zénith et projetait impitoyablement chaque recoin du garage dans une lumière crue qui mettait en exergue les stigmates de l’huile et les outils éparpillés. Carter, assis sur un tabouret rongé par le temps, avait l’air minuscule, écrasé par le fardeau de ses remords.

Le lieutenant Kern tenait son carnet à la main et se lança dans l’interrogatoire :

— Carter, nous avons besoin que vous remontiez le fil de toute cette histoire. Aucun détail n’est à négliger.

Esquivant d’abord les regards scrutateurs, Carter inspira profondément avant de parler :

— Tout a commencé avec ces pièces de contrefaçon. Elles coûtaient moins chères, et je pensais que je pourrais faire un max de bénéfices…

Maxou Pape ne put s’empêcher de l’interrompre.

— Et t’as sacrifié la sécurité pour la thune ?

Carter acquiesça tristement :

— Ouais, c’était une putain de grosse erreur. J’ai réalisé à quel point c’était grave bien trop tard…

Jessy Bielle, visiblement perplexe, se gratta la tête avant de demander :

— Mais comment s’est foutu dans ce merdier ?

— Il avait mis son nez dans mes combines. Au lieu de me balancer, il a essayé de me sortir du pétrin. Mais ça a dérapé, et ça a foutu en l’air notre amitié, révéla Carter, la voix tremblante.

— C’était par honte, n’est-ce pas ? ajouta monsieur Turbo qui semblait comprendre la situation.

Carter hocha la tête.

— Exactement. J’ai ouvert ma propre boîte, en espérant que ça allait tout effacer. Mais le passé a cette fâcheuse tendance à revenir pour te hanter.

Alors que l’équipe s’apprêtait à poser davantage de questions, un bruit sourd résonna à l’entrée du garage. Un homme se tenait là, le visage écarlate : il s’agissait de Ville-Brequin, un fournisseur de pièces notoirement peu scrupuleux.

— T’as pas pu la fermer, Carter ! s’emporta-t-il.

Le lieutenant Kern se leva rapidement pour intervenir sans perdre son calme.

— Et vous, monsieur, avez-vous quelque chose à ajouter ?

Ville-Brequin, réalisant qu’il était en infériorité numérique, essaya de faire marche arrière. Jessy Bielle profita de l’occasion pour lancer une de ses blagues.

— On dirait que quelqu’un a besoin d’un recalibrage de son embrayage, non ?

Alors que Ville-Brequin était maîtrisé et interrogé, l’enquête venait de prendre une tournure inattendue. Le mystère entourant l’accident de Piston était loin d’être résolu, et de nouveaux acteurs entraient en jeu.

Dans un climat électrique, le garage se transforma en une scène où des révélations inattendues surgissaient et complexifiaient davantage l’enquête. Chaque tournant apportait de nouveaux défis, mais aussi de nouveaux espoirs de résolution.

15 — L’étau se resserre

Les ombres s’étiraient sur le sol du garage, teintant la scène d’une nuance orangée. Ville-Brequin, les mains menottées, était assis sur une chaise et fuyait le regard des autres. Chaque individu dans la pièce mesurait l’importance du moment.

— Alors, Ville-Brequin, justifiez votre présence en ces lieux, intima le lieutenant Kern d’une voix ferme.

Ville-Brequin, avec une grimace, répondit :

— Je sentais que Carter finirait par tout déballer. Il était devenu un maillon faible. J’ai vendu des pièces à ce garage pendant un bail, et j’avais aucune intention de laisser quelqu’un flinguer mon business, répondit Ville-Brequin sèchement.

Jessy Bielle haussa un sourcil et rétorqua :

— Ton « business » ? Tu entends par là vendre des pièces foireuses et mettre des vies en danger ?

— Étais-tu présent, la nuit où Piston a été blessé ? questionna monsieur Turbo.

— Non. Certes, j’avais un problème avec lui, mais je n’aurais jamais été jusqu’à le blesser, admit Ville-Brequin après un silence pesant.

— T’as une idée de qui aurait eu une bonne raison de lui faire du mal ? enchaîna Maxou Pape en se frottant le menton.

Après une longue hésitation, Ville-Brequin s’apprêta à révéler des informations déterminantes pour la suite de l’enquête.

— Y’avait des bruits qui couraient. Piston menait pas seulement une enquête sur Carter, mais sur quelqu’un d’autre aussi. Il était sur le point de découvrir quelque chose de gros. Mais j’sais pas qui.

Alors que l’interrogatoire se poursuivait, Jacou Roy fouilla le garage et découvrit un petit carnet noir dissimulé derrière un établi. En l’ouvrant, il remarqua des notes écrites de la main de Piston.

— Regardez ça, dit Jacou Roy en montrant le carnet. Y a des rendez-vous, des noms, des chiffres. On dirait une espèce d’enquête personnelle.

Le lieutenant Kern parcourut rapidement les pages et releva un nom récurrent : Axel.

— Qui est cet Axel ? s’enquit Jessy Bielle.

Carter, qui avait écouté en silence, pâlit.

— Axel Lehr était notre fournisseur principal avant que je me tourne vers Ville-Brequin. Il a pas super bien pris que j’arrête de bosser avec lui. J’ai l’impression qu’il a des liens avec quelques groupes pas très nets.

L’équipe échangea des regards après sa découverte. Elle venait peut-être de dénicher une piste cruciale dans l’enquête.

— Il est temps de découvrir qui est réellement cet Axel et de déterminer son rôle dans cette affaire, annonça le lieutenant Kern.

Chaque révélation ajoutait un nouvel élément à ce mystère, et l’équipe était plus résolue que jamais à exhumer la vérité.

16 — La roue tourne

Alors que l’obscurité se refermait sur Haguenau, le garage demeurait éclairé en permanence, témoignant de l’enquête en cours. Les néons du lieu projetant une lumière crue ajoutaient une touche surréaliste à l’atmosphère déjà tendue. Le nom « Axel » tournait en boucle dans les esprits, résonnant comme un écho lointain et menaçant.

— Axel doit être localisé. Si Piston était sur sa trace, il y avait une raison valable.

— Il y a des rumeurs qui disent qu’il a un entrepôt en banlieue. Une petite visite s’impose, vous croyez pas ? renchérit Maxou Pape.

Jessy Bielle, avec son habituelle pointe d’humour, riposta :

— Allons jeter un œil sous le capot et voir ce qui s’y trame !

Jacou Roy, expert en discrétion, esquissa un plan audacieux.

— On y va en mode infiltration. On récolte des preuves avant qu’on se fasse griller.

Bien que la manœuvre fût périlleuse, la détermination de l’équipe à élucider l’affaire prévalait. Le lieutenant Kern, non conventionnel dans son approche, valida l’idée.

— Espérons que ce n’est pas un puits sans fond ! lança monsieur Turbo pour essayer de détendre l’atmosphère.

À leur arrivée devant l’entrepôt, rien ne semblait suspect de l’extérieur. Cependant, l’équipe ressentait que des mystères s’y terraient.

Ils s’infiltrèrent en silence. L’intérieur révéla un labyrinthe de pièces auto qui s’empilaient presque jusqu’au plafond. Au centre, un bureau désordonné avec des documents éparpillés. Kern, en examinant quelques-uns, identifia des factures liées à des pièces contrefaites.

Jessy Bielle, examina une pièce suspecte et commenta :

— On est en train de mettre le turbo sur une sacrée affaire !

Soudainement, un bruit de pas résonna. Des voix se rapprochaient. Sans perdre une seconde, l’équipe se cacha derrière des montagnes de pièces. Plusieurs silhouettes entrèrent et discutèrent de transactions conclues avec « ce maudit Piston ».

Le lieutenant Kern, murmurant à l’oreille de ses compagnons, dit :

— Nous sommes visiblement sur la bonne voie. Rassemblons autant de preuves que possible, prenons-les en photo, et sortons d’ici, murmura le lieutenant Kern à l’oreille des mécaniciens.

Dans l’ombre, l’équipe poursuivait sa quête, sachant que chaque mouvement pouvait les trahir, que chaque souffle pouvait être leur dernier.

17 — Opération pneu crevé

L’entrepôt se présentait comme un labyrinthe silencieux, uniquement troublé par des chuchotements sporadiques. Chaque membre de l’équipe était conscient qu’une simple erreur pourrait compromettre non seulement l’enquête, mais aussi leur propre sécurité.

Jessy Bielle, fidèle à son sens de l’humour même dans les moments tendus, glissa :

— Si on se fait choper, je suppose qu’on pourra dire qu’on aura crevé en beauté !

Maxou Pape le réprimanda du regard, mais monsieur Turbo eut une idée lumineuse.

— Et si on faisait diversion ? Si nous pouvons les éloigner du bureau, ça pourrait nous donner le temps nécessaire pour récolter et photographier les preuves.

— Un bon vieux pneu crevé à l’ancienne devrait faire le job. Ils ne résisteront pas à l’appel de la mécanique, approuva Jacou Roy.

Avec prudence, l’équipe prépara une pile de pneus usagés près de l’entrée principale. Maxou Pape, muni d’un petit outil, libéra l’air de plusieurs pneus, produisant un sifflement distinct. Les hommes furent instantanément alertés.

— Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? s’enquit l’un d’eux. Ça ressemble à un pneu qui se dégonfle !

Alors qu’ils se dirigeaient vers la source du bruit, Kern, Jessy Bielle, Jacou Roy, et monsieur Turbo se précipitèrent vers le bureau, photographiant tous les documents pouvant servir de preuve. Une fois les informations sécurisées, ils repérèrent une sortie à l’arrière de l’entrepôt. Cependant, leur plan n’était pas aussi hermétique qu’ils l’auraient souhaité. L’un des hommes flaira la supercherie et hurla :

— C’est une entourloupe ! Il y a quelqu’un ici !

L’équipe ne pouvait se permettre d’hésiter.

— Il est temps de mettre les gaz ! s’écria Monsieur Turbo, alors qu’ils se précipitaient vers leur véhicule.

Jessy Bielle mit le contact avec un sourire en coin avant de poursuivre.

— Ça, c’est ce que j’appelle une sortie en trombe !

De retour au garage, ils examinèrent les preuves avec minutie.

— Avec cela, nous avons de quoi faire tomber Axel et sa bande, conclut Kern. Mais il nous faut encore plus pour les appréhender.

18 — Moteur en marche

L’atmosphère du garage était électrique, évoquant le quartier général d’une mission délicate. Des papiers étaient éparpillés, des photos ornaient les murs, et une carte de la ville était étalée, captant tous les regards. Pour l’équipe, chaque seconde était cruciale.

Jacou Roy, le doigt pointé sur la carte, déclara avec conviction :

— Voici le foutu repaire d’Axel Lehr. C’était un ancien dépôt de carburant que j’avais repéré pour un boulot il y a des plombes. C’est une vraie forteresse.

— Nous avons toutes les preuves. Il est temps d’attraper notre poisson, ajouta monsieur Turbo, les yeux fixés sur les notes.

— Allez, on fait le plein d’audace et on va rendre visite à notre pote Axel, non ? rétorqua Maxou Pape, un sourire espiègle se dessinant sur ses lèvres.

— Nous devons opérer avec une extrême prudence. Si Axel se doute de quoi que ce soit, il pourrait non seulement détruire davantage de preuves, mais aussi nous mettre en danger. Je dois rappeler que ma marge de manœuvre illégale est limitée, conseilla le lieutenant Kern en redressant ses lunettes.

— Diviser pour mieux régner, hein ? Deux d’entre nous peuvent faire diversion à l’avant pendant que les autres se faufilent discrètement par-derrière, suggéra Jessy Bielle qui gardait les yeux plongés sur la carte.

— C’est une manœuvre périlleuse, mais cela pourrait fonctionner. Jacou Roy et moi-même attirerons l’attention à l’avant. Bielle, Pape et Turbo, vous infiltrerez par derrière, acquiesça Kern d’un air pensif.

La nuit était profonde et silencieuse lorsque l’équipe s’approcha du dépôt. Seules quelques lumières lointaines perçaient l’obscurité, révélant des ombres mouvantes derrière les fenêtres du dépôt. Conformément au plan, Jacou Roy, maître de la diversion, initia un vacarme à l’entrée, simulant une panne de moteur claquante, Kern jouant le jeu de l’assistant maladroit. Les gardiens curieux sortirent enquêter. Jessy Bielle, Maxou Pape et monsieur Turbo, profitant de l’ouverture, se glissèrent dans l’ombre, en alerte. À l’intérieur, le trio tomba sur Axel, en pleine conversation avec un interlocuteur suspect. Les mots « Piston », « preuves » et « éliminer » étaient nettement audibles.

— On est en plein dans le mille, et ça commence à chauffer sérieusement ! conclut Maxou Pape dans un murmure.

Tapis derrière un vieux fourgon, les mécaniciens et Kern tendaient l’oreille, assimilant la conversation d’Axel et percevaient l’étendue de son réseau et l’importance de la mission qu’ils s’étaient assignés.

19 — Sous pression

Dans les ténèbres envoûtantes du dépôt, chaque syllabe prononcée par Axel et l’homme mystérieux ajoutait à un suspense insoutenable. Leurs silhouettes à peine visibles dans l’ombre, la tension grandissait avec chaque tic-tac de l’horloge invisible.

— Piston n’a pas pu causer, n’est-ce pas ? interrogea l’homme mystérieux, la voix tranchante.

Axel, un sourire sardonique aux lèvres, répondit :

— Le gars était devenu trop curieux, mais il va plus emmerder personne. Bientôt, le garage sera à nous.

Jessy Bielle, le cœur battant fort, contenait son souffle. Chaque révélation ajoutait une pièce au puzzle. Soudain, un bruit sourd suivi des voix de Jacou Roy et Kern perça le silence. Leur diversion semblait avoir pris une tournure inattendue.

Maxou Pape, les yeux fixés sur l’entrée, chuchota :

— On est dans une belle galère, là.

— Fin de la ligne TGV pour vous, Axel ! Votre plan a déraillé ! lança monsieur Turbo, résigné mais résolu.

Axel Lehr se retourna, les yeux plissés, abasourdi.

— Vous ?! Que faites-vous ici ?

Jessy Bielle, le visage éclairé par un sourire audacieux, répliqua :

— On est juste passés récupérer des pièces détachées. On a vu quelques boulons qui avaient l’air d’être desserrés ici.

Les fronts se faisaient face, les regards s’affûtaient. L’homme mystérieux, sentant le vent tourner, prit la fuite, laissant Axel furieux derrière lui.

— T’as aucune chance de t’en tirer comme ça ! gronda Axel.

Cependant, avant qu’il ne puisse esquisser le moindre geste, Kern et les mécaniciens se précipitèrent et le maîtrisèrent fermement.

— On dirait qu’Axel a besoin d’une petite révision, non ? lâcha Maxou Pape qui reprenait son souffle.

L’équipe, bien que triomphante et épuisée, réalisait l’ampleur de son succès, révélant que l’« accident » de Piston n’était qu’un maillon d’une chaîne beaucoup plus sinistre.

Avec Axel maintenant sous leur contrôle et une avalanche de preuves à leur disposition, l’équipe pourrait non seulement protéger le garage, mais aussi dévoiler les actes répréhensibles s’étendant bien au-delà de ce qu’ils avaient imaginé. L’homme mystérieux demeure insaisissable, mais la justice, grâce à l’équipe déterminée, avait mis le pied sur l’accélérateur. Bien que l’ombre de l’inconnu pèse encore, le moteur de la vérité, une fois en marche, ne saurait être stoppé.

20 — L’échappement final

Le silence s’intensifia dans le dépôt sombre lorsque le carnet tomba des mains de Maxou Pape. Les yeux de l’équipe étaient rivés sur les pages, où le nom de monsieur Turbo était inscrit avec une arrogance sinistre. Les cœurs de l’équipe manquèrent un battement à l’unisson.

— C’est une blague, pas vrai, patron ? Encore une ruse d’Axel ? articula finalement Jessy Bielle d’une voix tremblante.

Les yeux de monsieur Turbo, cependant, trahissaient une vérité sombre et tourmentée. Il ne détourna pas le regard, mais quelque chose dans son silence criait plus fort que les mots.

Maxou Pape, s’approcha de lui et laissa s’échapper une colère en fusion.

— On a eu confiance en vous ! On s’est battus à vos côtés ! Tout ça n’était que des foutaises ?

Monsieur Turbo, finalement, esquissa un sourire triste et parla d’une voix rugueuse semblable à du papier de verre.

— Oh, ce n’était pas faux, pas entièrement. Vous étiez de bons pions, rien de plus.

Un cliquetis résonna soudainement derrière eux. Axel, libéré de ses liens, se tenait à côté de Turbo, un sourire triomphant plissait son visage. Jessy Bielle, pris au dépourvu, comprit la terrible réalité.

— Vous étiez dans le coup dès le début, pas vrai ?

Monsieur Turbo hocha la tête, du regret mêlé à de la détermination dans ses yeux.

— Il y a bien longtemps que j’aurais dû prendre le contrôle de cette ville et de tous ses garages. Axel était l’élément parfait pour éliminer les concurrents et causer suffisamment de problèmes.

Jacou Roy, les mains tremblantes, pointa son doigt vers Monsieur Turbo.

— Et nous alors ? On n’était que des figurants dans votre petit jeu théâtral pour vous faire passer pour un ange ?

Monsieur Turbo dessina un nonchalant hochement d’épaule.

— En effet, et vous avez joué vos rôles à merveille.

Des sirènes se firent entendre au loin. L’équipe, bien que choquée et blessée, n’avait pas de temps à perdre. Kern, les yeux brûlants d’une colère froide, siffla avec détermination :

— Vous ne vous en tirerez pas comme ça, monsieur Turbo. Votre aventure s’arrête ici. Les seuls écrous que vous verrez désormais seront ceux de votre cellule.

Et alors que le chaos s’installait, les alliances se brisant et le danger approchant, l’équipe devait trouver en elle-même la force de naviguer à travers la trahison, les secrets, et affronter la nouvelle menace qui était, un temps, l’un des leurs.

Le moteur de l’intrigue, désormais, tournait à plein régime, les entraînant vers un futur incertain, où chaque route, chaque choix, étaient empreints d’un danger dissimulé dans l’ombre du passé…

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Piston hors service

                                             Piston hors service

                                             Sandra Noël

1 — Destin capoté

Le calme frêle de l’aube enveloppait le garage « Haguen’autos » lorsque les premiers rayons du soleil commencèrent à pénétrer à travers les fenêtres, recouvertes d’une fine couche de poussière. Les ténèbres s’estompaient lentement, révélant les carrosseries endormies des véhicules, témoins discrets des heures passées entre les mains habiles des mécaniciens.

Le garage, mélange harmonieux d’ancien et de moderne, était empreint d’un charme qui se reflétait dans le désordre organisé des étagères : les bidons d’huile vintage côtoyaient les outils de dernière génération. Chaque objet, chaque tache d’huile sur le sol exprimait en silence des années d’aventures mécaniques.

Au cœur de ce sanctuaire automobile : monsieur Turbo, les yeux dissimulés derrière des lunettes qui avaient traversé une riche histoire, se distinguait non seulement par sa stature imposante, mais aussi par son aura de mécanicien expérimenté. Les rides sur son visage, sculptées par le temps et le labeur, racontaient une vie passée à décrypter les mystères sous les capots.

L’air s’imprégnait des notes de Street Fighting Man des Rolling Stones, et de temps à autre, les murs du garage résonnaient discrètement de la mélodie fredonnée par monsieur Turbo, se propageant dans les méandres de ses souvenirs tumultueux.

À quelques mètres, incarnant la vivacité, Fabien Piston conversait avec les machines d’une voix chaleureuse, sa passion brûlante conférant au garage une luminosité supplémentaire. Contrairement à la mer calme et prévisible qu’était monsieur Turbo, Piston était une vague, imprévisible et pleine d’énergie.

Lorsque le soleil amorça sa descente, perturbant la routine quotidienne, un cri déchira l’harmonie du garage, figeant le temps et l’espace. Le cœur de monsieur Turbo se serra, les notes de musique s’éteignant dans l’écho du désespoir. Ses jambes le conduisirent mécaniquement vers le corps inerte de Piston, étendu sous le pont élévateur.

Le silence qui suivit ne fut rompu que par le tintement d’outils tombés à terre. Les yeux de monsieur Turbo s’emplirent de larmes, balayant la réalité cruelle. Il murmura d’une voix tremblante : « Pas lui… Pas mon gars… »

L’urgence revint lentement. Les autres mécaniciens, sortant de leur stupeur, se précipitèrent vers leur collègue, certains appelant à l’aide, d’autres prodiguant les premiers secours.

Pour monsieur Turbo, le monde extérieur s’estompa, laissant place à un océan de souvenirs et de regrets. Il se noya dans ses pensées et chercha désespérément à comprendre ce qu’il s’était passé sous ce pont élévateur, dans leur garage, leur sanctuaire ?

2 — L’énigme du pont élévateur

Le chaos qui a suivi le drame a envahi le garage « Haguen’autos », transformant l’espace en une bulle d’émotions qui oscillaient entre espoir et désespoir. Les précieuses minutes qui ont suivi l’accident se sont étirées à l’infini pour monsieur Turbo, suspendant le cours du temps, jusqu’à ce que les sirènes au loin brisent le silence, annonçant l’arrivée des secours.

Les professionnels de santé, avec leur compétence médicale précise et leur sang-froid exemplaire, formaient un contraste saisissant avec l’équipe du garage, dont la détermination perçait à travers le brouillard de la panique générale comme une lueur dans la nuit. Tandis qu’ils stabilisaient l’état de Piston, un homme, silhouette impassible drapée dans un imperméable beige, franchit le seuil du garage, un badge brillant portant l’inscription « Lieutenant Kern ».

S’approchant de monsieur Turbo, le lieutenant fit preuve d’une empathie évidente dans son expression.

— Vous devez être monsieur Turbo. Je suis désolé pour cet incident. Cependant, nous devons rassembler les faits, déclara-t-il avec douceur.

Les yeux de monsieur Turbo chargés de larmes non versées croisèrent ceux du lieutenant.

— C’était une journée comme les autres, lieutenant. Tout ce que j’ai vu, c’est Piston, au sol, immobile, sous ce maudit pont élévateur.

Après un moment de silence empreint de respect, Kern posa une question avec précaution :

— Y a-t-il des témoins ? Tout détail pourrait être crucial.

Un apprenti nommé Jacou Roy s’avança avec hésitation.

— J’étais complétement à l’autre bout du garage. J’ai entendu un bruit sourd, comme quelque chose qui tombait, suivi d’un cri perçant… Mais je n’ai pas pu voir ce qui s’est passé.

Le regard du lieutenant se posa sur une clé à molette près du lieu de l’incident.

— Cet outil pourrait bien résoudre cette énigme, murmura-t-il, un sourire triste effleurant ses lèvres en raison de son jeu de mots involontaire.

Tandis que Piston était transporté vers l’ambulance, des murmures emplis de théories et de soupçons commençaient à infecter l’atmosphère du garage, évoquant des rivalités cachées et des dettes en suspens.

Le lieutenant, bien que légèrement en retrait, saisit ces échanges. « Il semble que l’huile ne soit pas la seule chose perturbée ici », pensa-t-il.

Alors que l’ambulance s’éloignait, monsieur Turbo, la silhouette figée et les yeux brûlants d’une détermination nouvelle, fixa l’horizon. Pour lui, pour Piston, et pour le sanctuaire qu’était leur garage, la vérité devait être révélée, et il se tenait là, inflexible, prêt à percer le voile du mystère.

3 — Retour au garage

Les résidus de la nuit, lourds et tourmentés, enveloppaient encore le garage « Haguen’autos » dans une étreinte silencieuse en cette aube fraîche. Les mécaniciens marqués par l’inquiétude arrivaient progressivement, leurs regards glissant inévitablement vers le lieu de l’incident. Une lourde incertitude, mêlée d’angoisse quant au  devenir de Piston, chargeait l’air.

Le tintement abrupt du téléphone perça le murmure des dialogues étouffés, mitraillant l’attention collective vers monsieur Turbo. La voix à l’autre bout du fil provenant de l’hôpital partageait des nouvelles : Piston était stable, sa mémoire, toutefois, restait ensevelie dans une obscurité impénétrable.

Un soupir de soulagement s’éleva parmi l’équipe bien que l’inquiétude ne quittât pas totalement les lieux. Monsieur Turbo, dévoré par un besoin de vérité, marmonna à voix haute laissant glisser sa pensée dans l’atelier.

— Le lieutenant Kern m’a laissé son numéro. Je vais le contacter, nous devons obtenir des réponses.

Jacou Roy, l’apprenti, jouait nerveusement avec un petit objet métallique entre ses doigts. Il s’avança vers monsieur Turbo avec hésitation.

— Faut que je vous dise, j’ai pas été super réglo hier. J’ai mis la main sur ça après que tout le monde se soit cassé, regardez ça, avoua-t-il, tendant l’objet.

Les yeux de monsieur Turbo se fixèrent sur la valve de pneu dans sa main, son esprit tournant à toute vitesse.

— Ça ne devrait pas être ici, à moins que…

Peu de temps après, le lieutenant Kern, alerté par l’appel inattendu de monsieur Turbo et par la possibilité d’un nouvel indice, s’immisça dans le garage. Ses yeux se posèrent immédiatement sur l’objet métallique. Il interrogea Jacou Roy et il inspecta ensuite minutieusement la valve ainsi que l’espace situé à proximité du pont élévateur.

La tension dans l’air augmentait alors que les mécaniciens s’échangeaient des regards troubles, des chuchotements échauffés voltigeant dans l’air. Qui aurait voulu du mal à Piston ?

Le lieutenant Kern, son expression insondable, se tourna vers Monsieur Turbo.

— Cela s’avère plus complexe que prévu. Une enquête plus poussée s’impose, monsieur Turbo.

— Tout ce qui importe, c’est la vérité, lieutenant. Pour Piston, pour tout le monde ici, acquiesça résolument monsieur Turbo en fixant Kern.

Ainsi, alors que la lumière matinale inondait le garage, les échos d’espoir et d’incertitude dansaient délicatement sur les murs, mirant le mélange de sentiments qui s’entrelaçaient parmi les présents.

4 — Engrenages et quiproquos

L’atmosphère dans le garage « Haguen’autos » était un étrange mélange d’inquiétude et d’humour nerveux. Tandis que le lieutenant Kern scrutait chaque recoin du garage avec un sérieux presque théâtral, les mécaniciens oscillaient entre l’application laborieuse à leur travail et des efforts pour alléger l’ambiance avec des blagues ponctuelles.

Jessy Bielle, toujours prêt à égayer la pièce avec son humour pince-sans-rire, leva un vieux tournevis rouillé en l’air.

— Regardez ça, lieutenant ! Vous pensez que ce truc pourrait être l’arme du crime ?! s’exclama-t-il.

— Seulement si nous découvrons que Piston craint particulièrement le tétanos, monsieur Bielle, répondit Kern en jouant le jeu, un demi-sourire au coin des lèvres.

Des rires étouffés traversèrent l’atelier. Cette légèreté restait nécessaire, même si elle était teintée de mélancolie.

Puis, Maxou Pape, les sourcils froncés en une expression de sérieux comique, s’approcha de Kern avec une vieille chaussette en main.

— Lieutenant, je crois avoir trouvé une piste cruciale !

— Cette chaussette est-elle l’indice qui va résoudre l’enquête, monsieur Pape ? demanda Kern avec une patience amusée.

— Oh, non. Pas du tout, répondit Maxou Pape avec candeur. Je l’avais perdue depuis une éternité. La voilà enfin !

Même Kern laissa échapper un rire devant l’absurdité adorable de la situation. Cependant, en dépit des intermèdes humoristiques, ses yeux révélaient une concentration inébranlable, signe de l’intensité avec laquelle il prenait l’enquête.

C’est alors que Monsieur Turbo, visiblement agité, fouillait son établi.

— Le bouchon de mon huile ! Où est-il passé ?!

Quelques secondes plus tard, Jacou Roy leva le bouchon en l’air, un sourire en coin sur son visage.

— Vous parlez de celui-là, patron ? Il traînait près de la machine à café. Comme vous, il avait besoin d’un plein de caféine !

Le garage retentit de rires, et même Kern secoua la tête en signe d’amusement.

Cependant, alors que les rires s’estompaient, l’ombre de la situation de Piston et du mystère non résolu semblait s’ancrer plus profondément dans les murs du garage, rappelant à tous qu’ils n’étaient pas encore sortis de la forêt sombre dans laquelle ils s’étaient égarés.

5 — L’ombre sur le silencieux

L’ambiance au sein du garage « Haguen’autos » était palpable, saturée d’une tension prête à éclater à tout instant. Les blagues étaient devenues rares, la gravité de l’enquête avait ombragé les esprits joviaux des jours précédents. Les mécaniciens, bien qu’absorbés par leur travail, gardaient en permanence les yeux fixés sur la porte d’entrée, anticipant le prochain événement. L’atmosphère se figea lorsque le lieutenant Kern fit son apparition. Les outils s’étaient suspendus dans l’air, chaque mécanicien fixant son attention sur l’objet qu’il tenait en main : un silencieux visiblement malmené.

Jessy Bielle haussa un sourcil, conservant toutefois une pointe de son humour caractéristique.

— Un silencieux, lieutenant ? Il semble bien que quelqu’un ait élaboré un plan pour rendre notre routine moins bruyante.

Mais Kern, le regard sévère, répondit sans la moindre trace d’humeur :

— Ce n’est pas le moment, monsieur Bielle. Ce silencieux pourrait bien être le maillon manquant qui nous relie à l’agresseur de Piston. Il présente des marques compatibles avec celles trouvées sur la scène et il manque à l’une des voitures du garage.

Monsieur Turbo, les yeux étincelants de détermination sombre, se tourna vers son équipe.

— Nous devons tous nous interroger, les gars. Qui parmi nous aurait pu ou voulu faire ça ? Nous sommes une équipe, une famille. Et l’idée qu’un des nôtres puisse blesser un autre… C’est inconcevable.

Avec sa nonchalance caractéristique, Maxou Pape prit la parole.

— Mais un silencieux, ça fait du bruit quand c’est dangereux ?

Il y eut quelques rires tendus, mais ils s’éteignirent rapidement, écrasés par le poids de la suspicion qui saturait l’air.

— Arrêtez ça, Maxou ! tonna monsieur Turbo d’une voix qui gronda à travers le garage.

Des yeux se rencontrèrent, certains luisants de suspicion, d’autres obscurcis par la peur. La confiance, jadis pilier du garage, s’effritait à vue d’œil.

Jacou Roy se manifesta d’une voix ébréchée :

— Patron, ce silencieux vient bien de la caisse sur laquelle je bossais. Mais je vous promets que j’ai rien à voir là-dedans !

— Chaque personne sera interrogée individuellement. Nous devons tirer tout ceci au clair, et vite, intervint Kern avec autorité.

Monsieur Turbo inclina solennellement la tête.

— Et que la vérité éclate, qu’elle nous mène où elle le doit.

Dans la pénombre du garage, les visages se perdaient dans l’ombre, laissant seulement derrière eux des silhouettes de doute et d’inquiétude, soulignant le besoin pressant de résoudre ce mystère.

6 — Secrets sous le capot

La lumière matinale à peine visible à travers les fenêtres du garage « Haguen’autos » était étouffée par une tension persistante. L’enquête du lieutenant Kern, avec les mécaniciens maintenant placés sous les projecteurs des interrogatoires, faisait grincer les engrenages de la cohésion de l’équipe.

Jessy Bielle fut le premier à être interrogé. Ses mains tremblaient légèrement, bien que son sourire persistât.

— Monsieur Bielle, où vous trouviez-vous le soir de l’accident ?

— Chez moi, lieutenant, en train de… d’ajuster quelques écrous, si vous voyez ce que je veux dire !

Le regard de Kern demeura inébranlable.

— Vos plaisanteries ne sont pas les bienvenues ici, monsieur Bielle. Nous parlons sérieusement.

Maxou Pape, lui, tenta également de détendre l’atmosphère.

— Et moi, je freinais mes ardeurs devant un film palpitant !

Contrairement à son attitude avec Jessy Bielle, un sourire effleura les lèvres du lieutenant.

Lorsque le tour de Jacou Roy arriva, on pouvait presque sentir sa nervosité.

— Pour être honnête… j’étais juste ici, au garage, en train de finir une réparation.

Le lieutenant fronça les sourcils.

— Cela aurait dû être mentionné plus tôt, monsieur Roy.

— Je… Je… franchement, j’étais pas censé être ici après la fermeture, je l’avoue, dit-il, les yeux ancrés au sol.

Monsieur Turbo observa le désarroi du jeune homme puis prit la parole d’une voix assurée.

— Si rester tard pour travailler est un crime, lieutenant, alors je suis tout aussi coupable. J’étais également ici, noyé sous la paperasse.

Le visage de Kern resta impassible alors qu’il notait les déclarations de chacun.

— Vos alibis seront vérifiés. Chacun de vous demeure suspect jusqu’à nouvel ordre.

L’après-midi avança, l’ombre de la suspicion s’épaississait, et les fondements même du garage « Haguen’autos », ancrés dans la loyauté et la camaraderie, semblaient chancelants. Un secret était dissimulé sous le capot de l’amitié, attendant d’être révélé. Qui parmi eux détenait la clé pour le déverrouiller ?

7 — Les engrenages du doute

Le jour naissait sous un ciel plombé, chaque nuage semblant absorber la joie qui autrefois imprégnait le garage « Haguen’autos ». Les mécaniciens, naguère frères d’armes, évoluaient désormais sur la pointe des pieds, craignant que la moindre vibration ne provoquât une avalanche de méfiance.

Dès les premières lueurs du matin, le lieutenant Kern, les sourcils froncés, se pencha pour ramasser un objet brillant près du bureau de monsieur Turbo.

— Que voilà ? marmonna-t-il, examinant une clé isolée.

Jessy Bielle tenta d’alléger l’atmosphère comme à son habitude.

— Peut-être la clé du mystère, lieutenant !

Mais l’humeur de Kern ne se prêtait pas à l’humour.

— Ou la clé de bien plus tangible, monsieur Bielle, rétorqua-t-il d’une voix cinglante.

Guidé par l’intuition, Kern s’approcha des casiers des employés, essayant la clé dans chaque serrure jusqu’à ce qu’une porte cède. À l’intérieur, un amas de factures impayées et de missives menaçantes de créanciers était empilé négligemment.

— À qui appartient ce casier ? demanda Kern, après un long silence pesant.

Un moment de quiétude pénétrante s’ensuivit avant que Maxou Pape, le visage pâle, ne se manifestât.

— C’est bien le mien, lieutenant, mais ces papiers-là… je les ai jamais vus de ma vie…

Monsieur Turbo parcourut les papiers, les mains légèrement tremblantes.

— Elles sont adressées à Piston, ces factures… mais pourquoi dans votre casier, Maxou ?

Le regard de Maxou Pape exprimait un mélange de confusion et d’horreur.

— Mais je vous le jure, j’ai rien à voir avec ça, patron !

Le lieutenant le fixa intensément, scrutant chaque micro-expression du mécanicien.

— Des dettes, des pressions financières, cela pourrait motiver une dispute, non ? Qu’en pensez-vous, monsieur Pape ?

Maxou Pape se leva brusquement, les yeux embués.

— Mais on était potes, bordel ! Pourquoi diable je ferais ça ?

Un doute insidieux rampait à travers la pièce, empoisonnant la camaraderie qui subsistait encore. Les mécaniciens se dévisageaient, se demandant ce qui pouvait bien se cacher dans les ombres de leurs amitiés apparemment inébranlables.

8 — Câbles croisés et alibis

Dans le vaste garage « Haguen’autos », les heures filaient avec une lenteur maudite, chaque tic-tac de l’horloge semblant résonner dans le vide laissé par le doute et la suspicion. Le lieutenant Kern, un homme à qui peu de mystères avaient résisté, sentait que cette affaire-là n’allait pas être facilement résolue.

Alors que ses yeux parcouraient minutieusement les papiers du casier, un murmure provenant de l’entrée capta son attention. Marta, la vieille voisine, se tenait là, enveloppée dans un châle. Son regard exprimait à la fois l’inquiétude et la curiosité.

— Il se pourrait que j’aie vu quelque chose cette nuit-là, murmura-t-elle, une fragilité perceptible dans sa voix.

Jessy Bielle se déplaça vers elle, une ombre d’humour dans son regard :

— Alors Marta, prête à actionner les pistons de la vérité ?

Ignorant la plaisanterie, elle se concentra, et laissa les souvenirs se frayer un chemin à travers le voile du temps :

— Il faisait sombre, mais la lumière du garage éclairait la rue. J’ai vu Maxou Pape et Fabien Piston. Ils parlaient tranquillement, juste une discussion normale, près de la machine à café. Plus tard, Maxou est sorti et a pris le bus de nuit…

Un soupir traversa les lèvres de Maxou Pape, portant un mélange de gratitude et de soulagement.

— Ah ouais, je me rappelle maintenant, merci Marta. Piston me filait quelques tuyaux sur comment ranger mes outils.

Kern, bien qu’il demeurât méfiant, ne pouvait ignorer ce témoignage.

— Ceci corrobore que Pape n’était pas ici quand tout a basculé.

Un soupir de soulagement traversa la pièce, et Jacou Roy, les épaules un peu moins tendues, s’exclama :

— On dirait qu’on a réussi à rétablir l’ordre dans ce foutu circuit électrique en pagaille !

Monsieur Turbo, les mains fermement posées sur les épaules frêles de Marta, lui exprima sa gratitude.

— Votre aide est inestimable, Marta. Le monde a besoin de plus de gens comme vous.

Alors que l’obscurité régnait en maître sur le garage, le lieutenant Kern restait là, les pensées en ébullition sous son front plissé. Le coupable pouvait encore se tapir dans les ombres de cette affaire, insaisissable, mais indéniablement présent.

Dans le garage, désormais plongé dans le silence, seule une ampoule suspendue offrait un halo réconfortant, dont la lueur faible dansait sur les outils étalés au sol.

9 — Huile sur le feu

Dans le fragile havre de paix qu’était le garage « Haguen’autos », une confiance renouvelée s’ouvrait lentement un chemin à travers les murs maculés d’huile et les cœurs fatigués des mécaniciens. Cependant, le doute, comme une insidieuse souillure, continuait de s’étendre, obscurcissant l’espoir naissant de ses reflets sombres.

Jessy Bielle, les mains maculées de lubrifiant moteur, hésita un instant alors qu’une substance inattendue s’écoulait du carter d’une voiture.

— Les gars, vous avez déjà vu un truc pareil ? interrogea-t-il, fixant le liquide rougeâtre se mêlant à l’huile.

— On dirait… du sang ? s’inquiéta Jacou Roy d’une voix étouffée.

— Non, c’est du vin. Mais que fait-il là-dedans ? poursuivit le lieutenant Kern, l’index plongé dans la substance suspecte.

L’interrogation flottait dans l’air, aussi dense que le parfum âcre du mélange inattendu.

— Qui était le dernier à travailler sur cette bagnole ? interrogea monsieur Turbo, les yeux balayant ses employés.

— C’était moi, admit Jacou Roy, le visage pâle. Mais je vous jure qu’il n’y avait pas de truc comme ça quand j’en avais fini avec cette caisse.

Kern leva une main apaisante.

— Nul besoin de paniquer, monsieur Roy. Cet indice est peut-être un peu vin… dicatif, mais nous allons le suivre, concéda-t-il.

Jessy Bielle esquissa un sourire faussement détendu puis ajouta :

— Eh bien, on dirait qu’on va devoir se serrer les coudes… et les écrous aussi !

Monsieur Turbo fixait chaque membre de son équipe avec une fermeté teintée de compassion lorsqu’il parlait.

— Nous traversons des moments difficiles, les gars. Mais ne laissez pas ce mystère détruire ce que nous avons construit ici. Ensemble, nous éluciderons ce mystère.

Le crépuscule se répandit sur le garage, les ombres s’allongeant silencieusement, tandis que l’équipe demeurait immobile et déterminée, au sein de la pénombre qui semblait résonner avec les mystères non expliqués de leur quotidien.

10 — Engrenages enchevêtrés

La cohésion autrefois inébranlable entre les mécaniciens s’effritait au fil des révélations et transformait chaque éclaboussure d’huile, chaque outil perdu en des indices possibles ou des sources de méfiance. L’harmonie, autrefois la maîtresse des lieux, s’était désormais éclipsée par un voile de suspicion et d’incertitude.

Monsieur Valve, un client fidèle, franchit les portes du garage, arborant une mine préoccupée.

— J’ai été attristé d’apprendre la mauvaise nouvelle pour monsieur Piston, déclara-t-il. Nous étions amis. Savez-vous qu’il m’avait confié quelque chose d’étrange la veille de son accident ?

Le lieutenant Kern prêta l’oreille, intrigué par l’écho de secrets anciens.

— Dites-en plus, demanda-t-il, se concentrant sur la mine grave de monsieur Valve.

— Cela remonte à quelques années, commença ce dernier. Piston a découvert une énorme fraude liée à des pièces contrefaites. Il voulait tout révéler, mais avait reçu des menaces. Il m’a confié récemment qu’il était prêt à mettre fin à cette histoire.

— Ça, je viens de l’apprendre. Savez-vous qui était derrière tout cela ? répondit monsieur Turbo, totalement surpris par les révélations du client.

— Non, il n’a pas cité de noms, mais m’a assuré que le responsable travaillait toujours parmi vous, confia monsieur Valve, le regard chargé d’appréhension.

Un frisson parcourut l’équipe, chaque membre recalculait les alliances et les trahisons potentielles. Les regards se croisèrent et exploraient le passé à la recherche d’un visage coupable.

— J’espère vraiment que ce n’est pas moi ! J’ai eu ma dose pour la semaine ! lança Maxou Pape, prêt à insuffler une légèreté bien nécessaire.

Cependant, les rires se figèrent dans les gorges. Les regards communiquèrent des messages non verbalisés, et une nouvelle gravité imprégna l’atmosphère.

Le lieutenant Kern, fidèle à son pragmatisme, formula un plan.

— Nous devons plonger dans les archives du garage. Peut-être qu’elles contiennent des indices sur ce vieux scandale.

— Bien vu, approuva Jessy Bielle. Si on arrive à mettre la main, ne serait-ce que sur un petit bout d’info, ça pourrait nous filer un sacré coup de pouce pour percer ce mystère !

Les mécaniciens, unissant leurs forces malgré le doute omniprésent, s’immergèrent dans les archives empoussiérées du garage, en quête d’une vérité qui avait trop longtemps rôdé dans l’ombre. La lumière chancelante d’une vieille ampoule vacillait sur leurs visages, un faible, mais persistant faisceau d’espoir dans l’obscurité des secrets enfouis.

11 — Freins sur les souvenirs

L’atmosphère étouffante du garage « Haguen’autos » formait un contraste saisissant avec la froideur des documents anciens éparpillés devant les mécaniciens. Chaque page semblait faire murmurer un secret oublié, chaque facture pointait potentiellement vers une piste négligée.

Alors que l’horloge égrainait inlassablement les heures, Jacou Roy, les yeux écarquillés devant une pile de papiers jaunis, s’écria :

— Eh bien, regardez ça ! On a là des commandes de pièces qui ne collent à aucune réparation qu’on a faite !

Monsieur Turbo se pencha et examina les lignes de texte.

— C’est bizarre… Ces pièces sont de mauvaise qualité, rien de ce que nous utilisons habituellement.

Maxou Pape, l’expression soudainement grave, eut une étincelle qui parcourait son esprit.

— Vous vous souvenez de Carter ? Il faisait partie de l’équipe il y pas si longtemps. Il était toujours un peu chelou, celui-là, et il passait souvent des commandes en douce.

Jessy Bielle émit un rire teinté de nostalgie.

— Carter ? Tout à fait ! Il ne lâchait jamais son credo à deux balles : pourquoi opter pour un V8 quand un V6 peut faire l’affaire ?

Le lieutenant Kern laissa fureter son stylo sur son carnet et répliqua :

— Nous devons retrouver sa trace. Il pourrait détenir des réponses essentielles à nos questions.

— Carter a quitté le garage sans explication. Il avait eu une altercation avec Piston juste avant de partir. Je me demande si tout cela a un lien avec ces pièces de contrefaçon, ajouta doucement monsieur Turbo, perdu dans ses pensées.

— Tout ce dont je me souviens, c’est qu’il crachait toujours sur les pièces de qualité. « Pas besoin de ces merdes hors de prix », qu’il répétait à tout bout de champ, répondit Maxou Pape en haussant les épaules.

Devant ce nouveau chemin qui s’ouvrait, le lieutenant Kern envisagea d’aller interroger d’anciens collègues de Carter. Peut-être leur mémoire pourrait-elle offrir la clé pour débloquer ce mystère insaisissable.

Les mécaniciens, les paupières lourdes, mais la résolution intacte se préparaient à quitter « Haguen’autos » pour la nuit. Les lumières s’évanouirent, engloutissant le garage dans une pénombre paisible, mais leur quête de vérité, elle, ne s’endormait jamais. Elle scintillait dans l’obscurité avec une intensité indomptable.

12 — La rouille du passé

Alors que la nuit englobait la ville, le lieutenant Kern, Jessy Bielle et monsieur Turbo prirent la direction d’une vieille zone industrielle. C’était là-bas que Carter avait ouvert son propre garage après avoir quitté « Haguen’autos ». L’endroit se trouvait à l’écart, entouré par des bâtiments délabrés et de ruelles sombres.

À leur arrivée, le garage de Carter, baptisé « SOS Mécano », semblait à l’abandon. Les fenêtres étaient sales, la peinture écaillée, et le panneau d’affichage oscillait dangereusement sous la brise nocturne.

Jessy Bielle tenta d’apporter une touche d’humour à la situation.

— On dirait qu’il y a besoin d’un bon coup de polish ici ! déclara-t-il.

— Concentrons-nous sur la raison de notre visite, répliqua le lieutenant Kern d’un ton sérieux.

En fouillant le garage, ils découvrirent un bureau en désordre, avec des piles de factures non payées et des notes griffonnées. Monsieur Turbo, tout en parcourant les documents, trouva un vieil album photo.

— C’est incroyable ! C’est une photo de Carter et Piston, souriants, devant notre garage. Ils semblaient si proches, s’exclama monsieur Turbo, l’album entre ses mains.

Jessy Bielle, jetant un coup d’œil par-dessus l’épaule de Monsieur Turbo, remarqua :

— Matez l’arrière de la photo. Il y a une note qui dit : « En souvenir du bon vieux temps, avant que tout ne parte en couille. » Ça doit avoir une signification.

À ce moment-là, une femme d’âge moyen, les cheveux grisonnants, les yeux fatigués, mais alertes, fit son apparition.

— Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

Ils se retournèrent pour voir Anna, la sœur de Carter.

— Je suis Anna, la sœur de Carter. Que voulez-vous ?

Le lieutenant Kern expliqua brièvement la situation, mentionnant l’accident de Piston et les liens possibles avec le passé de Carter.

— Je ne sais pas où est Carter, mais je peux vous dire qu’il a toujours regretté ce qui s’est passé au garage. Il voulait se racheter, mais ne savait pas comment, répondit Anna après un long soupir.

Anna mena l’équipe vers une vieille malle, remplie de lettres non envoyées, toutes adressées à Piston. Elles parlaient de remords, de trahison, et du désir de réparer les erreurs du passé.

— Ces lettres pourraient être la clé pour démêler les fils de cette affaire, déclara le lieutenant Kern en pleine concentration, les yeux plissés.

Les mécaniciens et le lieutenant quittèrent le garage désert, la malle en main, déterminés à assembler les pièces manquantes de ce puzzle mécanique.

13 — Allumage des souvenirs

L’aube naissante peignait faiblement l’équipe du garage « Haguen’autos », qui se rassemblait autour d’une vieille malle. Les lettres qu’elle renfermait gisaient en désordre et renfermaient les remords de Carter.

Maxou Pape saisit l’une d’elles et lit à haute voix.

— « Piston, l’avidité m’a égaré du droit chemin. J’ai laissé ces pièces de merde s’interposer entre nous. J’espère qu’un jour, tu pourras me pardonner. »

— Ces lettres regorgent de regrets de Carter. Mais pourquoi ne les a-t-il jamais envoyées ? médita le lieutenant Kern, l’esprit en ébullition.

— Peut-être qu’il avait peur de la réaction de Piston. Ou peut-être qu’il était rongé par la honte, suggéra Jacou Roy, toujours observateur.

Pendant que l’équipe se plongeait dans la lecture des lettres, la porte du garage s’ouvrit brusquement. Un homme au visage marqué par le temps fit son apparition. C’était Carter.

— Je m’attendais à ce que vous débarquiez, lâcha-t-il d’un ton résigné. Je suppose que c’est le moment de tirer les choses au clair.

Jessy Bielle, essayant de dissiper la tension avec son humour bien connu, répliqua :

— Eh bien, il semble que tu aies besoin d’un sacré coup de pouce pour remettre ta vie sur les rails, non ?

— Mais pourquoi ? Pourquoi as-tu laissé tout cela se produire ? demanda monsieur Turbo qui venait de se lever pour faire face à Carter.

Les yeux de Carter se remplirent de larmes.

— La pression… la cupidité… Je voulais tant réussir, être admiré. J’ai fait des choix merdiques. Jamais de ma vie j’ai voulu du mal à Piston.

Le lieutenant Kern, coupa court à la conversation et posa la question cruciale :

— Où étiez-vous la nuit de l’accident de Piston ?

— J’étais bien là, dans mon propre garage. Anna peut confirmer, répondit Carter après un court silence.

Ce nouvel élément jetait un éclairage différent sur la situation. Carter n’était peut-être pas le coupable, mais il détenait certainement des informations probantes pour identifier le véritable responsable.

Acceptant de collaborer pleinement à l’enquête, dans une tentative de rédemption pour ses erreurs passées, Carter augmenta la tension ambiante. Chaque révélation rapprochait l’équipe de la vérité, dessinant un tableau plus net d’un mystère qui ne tarderait plus à être élucidé.

14 — Sous le capot des confessions

Le soleil était à son zénith et projetait impitoyablement chaque recoin du garage dans une lumière crue qui mettait en exergue les stigmates de l’huile et les outils éparpillés. Carter, assis sur un tabouret rongé par le temps, avait l’air minuscule, écrasé par le fardeau de ses remords.

Le lieutenant Kern tenait son carnet à la main et se lança dans l’interrogatoire :

— Carter, nous avons besoin que vous remontiez le fil de toute cette histoire. Aucun détail n’est à négliger.

Esquivant d’abord les regards scrutateurs, Carter inspira profondément avant de parler :

— Tout a commencé avec ces pièces de contrefaçon. Elles coûtaient moins chères, et je pensais que je pourrais faire un max de bénéfices…

Maxou Pape ne put s’empêcher de l’interrompre.

— Et t’as sacrifié la sécurité pour la thune ?

Carter acquiesça tristement :

— Ouais, c’était une putain de grosse erreur. J’ai réalisé à quel point c’était grave bien trop tard…

Jessy Bielle, visiblement perplexe, se gratta la tête avant de demander :

— Mais comment s’est foutu dans ce merdier ?

— Il avait mis son nez dans mes combines. Au lieu de me balancer, il a essayé de me sortir du pétrin. Mais ça a dérapé, et ça a foutu en l’air notre amitié, révéla Carter, la voix tremblante.

— C’était par honte, n’est-ce pas ? ajouta monsieur Turbo qui semblait comprendre la situation.

Carter hocha la tête.

— Exactement. J’ai ouvert ma propre boîte, en espérant que ça allait tout effacer. Mais le passé a cette fâcheuse tendance à revenir pour te hanter.

Alors que l’équipe s’apprêtait à poser davantage de questions, un bruit sourd résonna à l’entrée du garage. Un homme se tenait là, le visage écarlate : il s’agissait de Ville-Brequin, un fournisseur de pièces notoirement peu scrupuleux.

— T’as pas pu la fermer, Carter ! s’emporta-t-il.

Le lieutenant Kern se leva rapidement pour intervenir sans perdre son calme.

— Et vous, monsieur, avez-vous quelque chose à ajouter ?

Ville-Brequin, réalisant qu’il était en infériorité numérique, essaya de faire marche arrière. Jessy Bielle profita de l’occasion pour lancer une de ses blagues.

— On dirait que quelqu’un a besoin d’un recalibrage de son embrayage, non ?

Alors que Ville-Brequin était maîtrisé et interrogé, l’enquête venait de prendre une tournure inattendue. Le mystère entourant l’accident de Piston était loin d’être résolu, et de nouveaux acteurs entraient en jeu.

Dans un climat électrique, le garage se transforma en une scène où des révélations inattendues surgissaient et complexifiaient davantage l’enquête. Chaque tournant apportait de nouveaux défis, mais aussi de nouveaux espoirs de résolution.

15 — L’étau se resserre

Les ombres s’étiraient sur le sol du garage, teintant la scène d’une nuance orangée. Ville-Brequin, les mains menottées, était assis sur une chaise et fuyait le regard des autres. Chaque individu dans la pièce mesurait l’importance du moment.

— Alors, Ville-Brequin, justifiez votre présence en ces lieux, intima le lieutenant Kern d’une voix ferme.

Ville-Brequin, avec une grimace, répondit :

— Je sentais que Carter finirait par tout déballer. Il était devenu un maillon faible. J’ai vendu des pièces à ce garage pendant un bail, et j’avais aucune intention de laisser quelqu’un flinguer mon business, répondit Ville-Brequin sèchement.

Jessy Bielle haussa un sourcil et rétorqua :

— Ton « business » ? Tu entends par là vendre des pièces foireuses et mettre des vies en danger ?

— Étais-tu présent, la nuit où Piston a été blessé ? questionna monsieur Turbo.

— Non. Certes, j’avais un problème avec lui, mais je n’aurais jamais été jusqu’à le blesser, admit Ville-Brequin après un silence pesant.

— T’as une idée de qui aurait eu une bonne raison de lui faire du mal ? enchaîna Maxou Pape en se frottant le menton.

Après une longue hésitation, Ville-Brequin s’apprêta à révéler des informations déterminantes pour la suite de l’enquête.

— Y’avait des bruits qui couraient. Piston menait pas seulement une enquête sur Carter, mais sur quelqu’un d’autre aussi. Il était sur le point de découvrir quelque chose de gros. Mais j’sais pas qui.

Alors que l’interrogatoire se poursuivait, Jacou Roy fouilla le garage et découvrit un petit carnet noir dissimulé derrière un établi. En l’ouvrant, il remarqua des notes écrites de la main de Piston.

— Regardez ça, dit Jacou Roy en montrant le carnet. Y a des rendez-vous, des noms, des chiffres. On dirait une espèce d’enquête personnelle.

Le lieutenant Kern parcourut rapidement les pages et releva un nom récurrent : Axel.

— Qui est cet Axel ? s’enquit Jessy Bielle.

Carter, qui avait écouté en silence, pâlit.

— Axel Lehr était notre fournisseur principal avant que je me tourne vers Ville-Brequin. Il a pas super bien pris que j’arrête de bosser avec lui. J’ai l’impression qu’il a des liens avec quelques groupes pas très nets.

L’équipe échangea des regards après sa découverte. Elle venait peut-être de dénicher une piste cruciale dans l’enquête.

— Il est temps de découvrir qui est réellement cet Axel et de déterminer son rôle dans cette affaire, annonça le lieutenant Kern.

Chaque révélation ajoutait un nouvel élément à ce mystère, et l’équipe était plus résolue que jamais à exhumer la vérité.

16 — La roue tourne

Alors que l’obscurité se refermait sur Haguenau, le garage demeurait éclairé en permanence, témoignant de l’enquête en cours. Les néons du lieu projetant une lumière crue ajoutaient une touche surréaliste à l’atmosphère déjà tendue. Le nom « Axel » tournait en boucle dans les esprits, résonnant comme un écho lointain et menaçant.

— Axel doit être localisé. Si Piston était sur sa trace, il y avait une raison valable.

— Il y a des rumeurs qui disent qu’il a un entrepôt en banlieue. Une petite visite s’impose, vous croyez pas ? renchérit Maxou Pape.

Jessy Bielle, avec son habituelle pointe d’humour, riposta :

— Allons jeter un œil sous le capot et voir ce qui s’y trame !

Jacou Roy, expert en discrétion, esquissa un plan audacieux.

— On y va en mode infiltration. On récolte des preuves avant qu’on se fasse griller.

Bien que la manœuvre fût périlleuse, la détermination de l’équipe à élucider l’affaire prévalait. Le lieutenant Kern, non conventionnel dans son approche, valida l’idée.

— Espérons que ce n’est pas un puits sans fond ! lança monsieur Turbo pour essayer de détendre l’atmosphère.

À leur arrivée devant l’entrepôt, rien ne semblait suspect de l’extérieur. Cependant, l’équipe ressentait que des mystères s’y terraient.

Ils s’infiltrèrent en silence. L’intérieur révéla un labyrinthe de pièces auto qui s’empilaient presque jusqu’au plafond. Au centre, un bureau désordonné avec des documents éparpillés. Kern, en examinant quelques-uns, identifia des factures liées à des pièces contrefaites.

Jessy Bielle, examina une pièce suspecte et commenta :

— On est en train de mettre le turbo sur une sacrée affaire !

Soudainement, un bruit de pas résonna. Des voix se rapprochaient. Sans perdre une seconde, l’équipe se cacha derrière des montagnes de pièces. Plusieurs silhouettes entrèrent et discutèrent de transactions conclues avec « ce maudit Piston ».

Le lieutenant Kern, murmurant à l’oreille de ses compagnons, dit :

— Nous sommes visiblement sur la bonne voie. Rassemblons autant de preuves que possible, prenons-les en photo, et sortons d’ici, murmura le lieutenant Kern à l’oreille des mécaniciens.

Dans l’ombre, l’équipe poursuivait sa quête, sachant que chaque mouvement pouvait les trahir, que chaque souffle pouvait être leur dernier.

17 — Opération pneu crevé

L’entrepôt se présentait comme un labyrinthe silencieux, uniquement troublé par des chuchotements sporadiques. Chaque membre de l’équipe était conscient qu’une simple erreur pourrait compromettre non seulement l’enquête, mais aussi leur propre sécurité.

Jessy Bielle, fidèle à son sens de l’humour même dans les moments tendus, glissa :

— Si on se fait choper, je suppose qu’on pourra dire qu’on aura crevé en beauté !

Maxou Pape le réprimanda du regard, mais monsieur Turbo eut une idée lumineuse.

— Et si on faisait diversion ? Si nous pouvons les éloigner du bureau, ça pourrait nous donner le temps nécessaire pour récolter et photographier les preuves.

— Un bon vieux pneu crevé à l’ancienne devrait faire  le job. Ils ne résisteront pas à l’appel de la mécanique, approuva Jacou Roy.

Avec prudence, l’équipe prépara une pile de pneus usagés près de l’entrée principale. Maxou Pape, muni d’un petit outil, libéra l’air de plusieurs pneus, produisant un sifflement distinct. Les hommes furent instantanément alertés.

— Qu’est-ce que c’est que ce bruit ? s’enquit l’un d’eux. Ça ressemble à un pneu qui se dégonfle !

Alors qu’ils se dirigeaient vers la source du bruit, Kern, Jessy Bielle, Jacou Roy, et monsieur Turbo se précipitèrent vers le bureau, photographiant tous les documents pouvant servir de preuve. Une fois les informations sécurisées, ils repérèrent une sortie à l’arrière de l’entrepôt. Cependant, leur plan n’était pas aussi hermétique qu’ils l’auraient souhaité. L’un des hommes flaira la supercherie et hurla :

— C’est une entourloupe ! Il y a quelqu’un ici !

L’équipe ne pouvait se permettre d’hésiter.

— Il est temps de mettre les gaz ! s’écria Monsieur Turbo, alors qu’ils se précipitaient vers leur véhicule.

Jessy Bielle mit le contact avec un sourire en coin avant de poursuivre.

— Ça, c’est ce que j’appelle une sortie en trombe !

De retour au garage, ils examinèrent les preuves avec minutie.

— Avec cela, nous avons de quoi faire tomber Axel et sa bande, conclut Kern. Mais il nous faut encore plus pour les appréhender.

18 — Moteur en marche

L’atmosphère du garage était électrique, évoquant le quartier général d’une mission délicate. Des papiers étaient éparpillés, des photos ornaient les murs, et une carte de la ville était étalée, captant tous les regards. Pour l’équipe, chaque seconde était cruciale.

Jacou Roy, le doigt pointé sur la carte, déclara avec conviction :

— Voici le foutu repaire d’Axel Lehr. C’était un ancien dépôt de carburant que j’avais repéré pour un boulot il y a des plombes. C’est une vraie forteresse.

— Nous avons toutes les preuves. Il est temps d’attraper notre poisson, ajouta monsieur Turbo, les yeux fixés sur les notes.

— Allez, on fait le plein d’audace et on va rendre visite à notre pote Axel, non ? rétorqua Maxou Pape, un sourire espiègle se dessinant sur ses lèvres.

— Nous devons opérer avec une extrême prudence. Si Axel se doute de quoi que ce soit, il pourrait non seulement détruire davantage de preuves, mais aussi nous mettre en danger. Je dois rappeler que ma marge de manœuvre illégale est limitée, conseilla le lieutenant Kern en redressant ses lunettes.

— Diviser pour mieux régner, hein ? Deux d’entre nous peuvent faire diversion à l’avant pendant que les autres se faufilent discrètement par-derrière, suggéra Jessy Bielle qui gardait les yeux plongés sur la carte.

— C’est une manœuvre périlleuse, mais cela pourrait fonctionner. Jacou Roy et moi-même attirerons l’attention à l’avant. Bielle, Pape et Turbo, vous infiltrerez par derrière, acquiesça Kern d’un air pensif.

La nuit était profonde et silencieuse lorsque l’équipe s’approcha du dépôt. Seules quelques lumières lointaines perçaient l’obscurité, révélant des ombres mouvantes derrière les fenêtres du dépôt. Conformément au plan, Jacou Roy, maître de la diversion, initia un vacarme à l’entrée, simulant une panne de moteur claquante, Kern jouant le jeu de l’assistant maladroit. Les gardiens curieux sortirent enquêter. Jessy Bielle, Maxou Pape et monsieur Turbo, profitant de l’ouverture, se glissèrent dans l’ombre, en alerte. À l’intérieur, le trio tomba sur Axel, en pleine conversation avec un interlocuteur suspect. Les mots « Piston », « preuves » et « éliminer » étaient nettement audibles.

— On est en plein dans le mille, et ça commence à chauffer sérieusement ! conclut Maxou Pape dans un murmure.

Tapis derrière un vieux fourgon, les mécaniciens et Kern tendaient l’oreille, assimilant la conversation d’Axel et percevaient l’étendue de son réseau et l’importance de la mission qu’ils s’étaient assignés.

19 — Sous pression

Dans les ténèbres envoûtantes du dépôt, chaque syllabe prononcée par Axel et l’homme mystérieux ajoutait à un suspense insoutenable. Leurs silhouettes à peine visibles dans l’ombre, la tension grandissait avec chaque tic-tac de l’horloge invisible.

— Piston n’a pas pu causer, n’est-ce pas ? interrogea l’homme mystérieux, la voix tranchante.

Axel, un sourire sardonique aux lèvres, répondit :

— Le gars était devenu trop curieux, mais il va plus emmerder personne. Bientôt, le garage sera à nous.

Jessy Bielle, le cœur battant fort, contenait son souffle. Chaque révélation ajoutait une pièce au puzzle. Soudain, un bruit sourd suivi des voix de Jacou Roy et Kern perça le silence. Leur diversion semblait avoir pris une tournure inattendue.

Maxou Pape, les yeux fixés sur l’entrée, chuchota :

— On est dans une belle galère, là.

— Fin de la ligne TGV pour vous, Axel ! Votre plan a déraillé ! lança monsieur Turbo, résigné mais résolu.

Axel Lehr se retourna, les yeux plissés, abasourdi.

— Vous ?! Que faites-vous ici ?

Jessy Bielle, le visage éclairé par un sourire audacieux, répliqua :

— On est juste passés récupérer des pièces détachées. On a vu quelques boulons qui avaient l’air d’être desserrés ici.

Les fronts se faisaient face, les regards s’affûtaient. L’homme mystérieux, sentant le vent tourner, prit la fuite, laissant Axel furieux derrière lui.

— T’as aucune chance de t’en tirer comme ça ! gronda Axel.

Cependant, avant qu’il ne puisse esquisser le moindre geste, Kern et les mécaniciens se précipitèrent et le maîtrisèrent fermement.

— On dirait qu’Axel a besoin d’une petite révision, non ? lâcha Maxou Pape qui reprenait son souffle.

L’équipe, bien que triomphante et épuisée, réalisait l’ampleur de son succès, révélant que l’« accident » de Piston n’était qu’un maillon d’une chaîne beaucoup plus sinistre.

Avec Axel maintenant sous leur contrôle et une avalanche de preuves à leur disposition, l’équipe pourrait non seulement protéger le garage, mais aussi dévoiler les actes répréhensibles s’étendant bien au-delà de ce qu’ils avaient imaginé. L’homme mystérieux demeure insaisissable, mais la justice, grâce à l’équipe déterminée, avait mis le pied sur l’accélérateur. Bien que l’ombre de l’inconnu pèse encore, le moteur de la vérité, une fois en marche, ne saurait être stoppé.

20 — L’échappement final

Le silence s’intensifia dans le dépôt sombre lorsque le carnet tomba des mains de Maxou Pape. Les yeux de l’équipe étaient rivés sur les pages, où le nom de monsieur Turbo était inscrit avec une arrogance sinistre. Les cœurs de l’équipe manquèrent un battement à l’unisson.

— C’est une blague, pas vrai, patron ? Encore une ruse d’Axel ? articula finalement Jessy Bielle d’une voix tremblante.

Les yeux de monsieur Turbo, cependant, trahissaient une vérité sombre et tourmentée. Il ne détourna pas le regard, mais quelque chose dans son silence criait plus fort que les mots.

Maxou Pape, s’approcha de lui et laissa s’échapper une colère en fusion.

— On a eu confiance en vous ! On s’est battus à vos côtés ! Tout ça n’était que des foutaises ?

Monsieur Turbo, finalement, esquissa un sourire triste et parla d’une voix rugueuse semblable à du papier de verre.

— Oh, ce n’était pas faux, pas entièrement. Vous étiez de bons pions, rien de plus.

Un cliquetis résonna soudainement derrière eux. Axel, libéré de ses liens, se tenait à côté de Turbo, un sourire triomphant plissait son visage. Jessy Bielle, pris au dépourvu, comprit la terrible réalité.

— Vous étiez dans le coup dès le début, pas vrai ?

Monsieur Turbo hocha la tête, du regret mêlé à de la détermination dans ses yeux.

— Il y a bien longtemps que j’aurais dû prendre le contrôle de cette ville et de tous ses garages. Axel était l’élément parfait pour éliminer les concurrents et causer suffisamment de problèmes.

Jacou Roy, les mains tremblantes, pointa son doigt vers Monsieur Turbo.

— Et nous alors ? On n’était que des figurants dans votre petit jeu théâtral pour vous faire passer pour un ange ?

Monsieur Turbo dessina un nonchalant hochement d’épaule.

— En effet, et vous avez joué vos rôles à merveille.

Des sirènes se firent entendre au loin. L’équipe, bien que choquée et blessée, n’avait pas de temps à perdre. Kern, les yeux brûlants d’une colère froide, siffla avec détermination :

— Vous ne vous en tirerez pas comme ça, monsieur Turbo. Votre aventure s’arrête ici. Les seuls écrous que vous verrez désormais seront ceux de votre cellule.

Et alors que le chaos s’installait, les alliances se brisant et le danger approchant, l’équipe devait trouver en elle-même la force de naviguer à travers la trahison, les secrets, et affronter la nouvelle menace qui était, un temps, l’un des leurs.

Le moteur de l’intrigue, désormais, tournait à plein régime, les entraînant vers un futur incertain, où chaque route, chaque choix, étaient empreints d’un danger dissimulé dans l’ombre du passé…

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